L’écrivain raconte l’histoire d’un itinéraire, du classique au rock des années 1980. L’histoire de ce rock-punkiforme insoumis traversé par le socio-politique, de Mitterrand à Thatcher.
HISTOIRE DE (LA) MUSIQUE
« Toutes les planètes que nous croisons sont mortes », de Vincent Raynaud, L’Iconoclaste, 544 p., 19 €.
Vincent Raynaud dirige le domaine italien chez Gallimard. Il est traducteur littéraire. C’est un professionnel avec expérience et recul. Toutes les planètes que nous croisons sont mortes est son premier roman : c’est bouleversant, car à la fois absolument maîtrisé et absolument brut, natif.
Seize chapitres ; chacun se clôt sur quelques pages en italique, un after, un plus, un rêve, sans qu’on sache toujours qui parle : c’est du rock, du punk, du jazz, un solo. Chaque chapitre fait une seule phrase, avec majuscules et virgules sans point, une phrase-rythme, mais je n’en ai pris conscience qu’au milieu du livre. On suit, on y va, avec lenteurs et affolements.
Ce livre est un monde. Il raconte une histoire : l’itinéraire de vie d’un certain Tristan Lavarini, à nul autre pareil mais qui ressemble – à qui, c’est une autre histoire. Toutes les planètes… « est le fruit de l’imagination. Les paroles ou les actes qui y figurent et sont attribués à des personnes existantes ou ayant existé appartiennent au seul domaine de la fiction », lit-on au seuil du livre. Un livre qui finit pourtant dans le réel, avec discographie du héros sur sept pages dont quatre de « ghost tracks », de Messiaen et Stockhausen à David Bowie, of course ; et de vrais planants, sinon planètes, comme John Cale, Daniel Darc, Johnny Marr, fantômes palimpsestiques cachés dans les albums comme Homère sous Parménide. L’histoire pleine de noms pourrait valoir roman à clés à la manière de Sollers, ou plutôt de Proust pour la transcription d’un monde subtilement irréfutable.