Vu d’Espagne. La guerre française contre le tilde

Utilisé en breton et en basque, le tilde est un signe diacritique interdit par l’administration française. Une situation qui se traduit par des batailles juridiques en France et qui étonne en Espagne.

FañchIñaki, Begoña, Íñigo ou encore Peña : “Aucun de ces prénoms ne peut être inscrit dans les registres de l’état civil français”, souligne El Periódico de Catalunya.Depuis Barcelone, le quotidien espagnol raconte comment “la France décapite le ñ” en menant la guerre au tilde, ce signe orthographique présent notamment dans les langues basque et bretonne.

“Cette information est si surréaliste que l’on croirait à une fake news”, estime le journal. Et pourtant, le tilde, considéré comme un signe diacritique étranger, est bien interdit dans l’administration française, comme le décrète une circulaire du 23 juillet 2014. Un règlement qui étonne de l’autre côté des Pyrénées, où les langues régionales sont reconnues et enseignées, y compris dans les établissements publics, et où le tilde est utilisé couramment. “Avec l’objectif de promouvoir une identité nationale uniforme, le français est la seule langue reconnue officiellement par la Constitution”, rappelle El Periódico de Catalunya.

Pas de minorités dans la République

“À long terme, cette contrainte linguistique pourrait se traduire par une disparition des langues régionales”, avance le quotidien barcelonais. Mais si la publication évoque ce sujet, c’est qu’“à court terme, il se manifeste par de petites batailles juridiques qui incarnent les conséquences du rejet des traditions”. Ainsi, en septembre 2017, le petit Fañch a vu son prénom rejeté par le tribunal de Quimper en raison du tilde. Ses parents ont interjeté appel, et le procès aura lieu à Rennes le 8 octobre.

“En dépit des apparences, il ne s’agit pas d’un cas isolé ou d’un petit détail sans importance”, écrit le quotidien espagnol. “L’entêtement pour imposer le français comme langue unique est tel que la France a émis une réserve en ratifiant la Convention sur les droits de l’enfance [en 1990]”, indiquant que l’article 30 de la Convention, relatif aux droits culturels, religieux et linguistiques des minorités, n’avait pas lieu de s’appliquer dans l’Hexagone : “La France considère que, sur le territoire de la République, il n’existe pas de minorités, qu’elles soient culturelles ou linguistiques”, indique El Periódico de Catalunya.

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